Le projet de mine de lithium à ciel ouvert Tansim est situé sur le territoire ancestral non cédé de la communauté de Long Point First Nation (LPFN) de la Première Nation Anicinabe qui compte plus de 800 membres. Ce lieu est également compris dans la municipalité de Moffet au Témiscamingue, dans la province de Québec, au Canada [1]. Détenu par la compagnie junior australienne Sayona Mining, ce projet s’inscrit dans l’objectif de création d’un « pôle de lithium » en Abitibi-Témiscamingue et dans le Nord-du-Québec regroupant les autres projets de mines de lithium à ciel ouvert North American Lithium à La Corne, Authier Lithium à La Motte et Moblan, au Nord de Chibougamau [2]. Le site du projet Tansim comprend 350 claims couvrant plus de 20,250 hectares qui longent la rive Nord du lac Simard et qui chevauchent de chaque côté la rivière des Outaouais, principal affluent du fleuve Saint-Laurent [3]. Plusieurs claims incluent des milieux humides et hydriques sensibles [4]. À sa face même, le projet Tansim soulève d’importants et multiples risques d’impacts sur l’eau. La localisation des claims miniers coïncide avec un territoire très occupé par les membres de LPFN où ils exercent leurs droits ancestraux comme la chasse, la pêche et la cueillette de plantes médicinales. Devant l’imminence d’une campagne de forages miniers prévus à l’été 2021, le Conseil de LPFN a demandé officiellement au gouvernement du Québec le 12 mai 2021 de suspendre sans délai les droits miniers de la compagnie minière Sayona Mining sur son territoire ancestral et de lui confirmer que le gouvernement interviendra en consultant Long Point First Nation de manière distincte du promoteur [4]. Le conseil de LPFN considère en effet que « les projets de forage d’exploration minière sont susceptibles d’avoir un effet préjudiciable sérieux au territoire de la Première Nation et aux droits ancestraux de ses membres » [4]. La communauté appuie notamment son constat sur un document du promoteur daté du 21 avril 2021 indiquant expressément que rive, littoral, plaine inondable, marais, marécage, étang et tourbière sont autant de milieux humides et hydriques qui seraient affectés si les activités minières envisagées voyaient le jour [4]. Suite à l’acquisition par le même promoteur de la mine NAL située à La Corne en Abitibi au mois d’août 2021, Sayona Mining a indiqué vouloir exporter le minerai extrait du site du projet Tansim jusqu’à l’usine de la mine NAL pour le traiter à une distance de plus de 100 kilomètres de son lieu d’origine. Cette approche soulève d’importants enjeux environnementaux associés au transport du minerai, au bruit, à la poussière et au remblaiement de la fosse. Sayona Mining utilise le discours de la lutte contre les changements climatiques pour promouvoir le projet, comme en témoigne cette déclaration de Guy Laliberté, PDG de Sayona Québec : "On va contribuer largement à la lutte aux changements climatiques. Ça aussi, c’est une chose qu’il faut envisager. On va faire moins de véhicules à essence, plus de batteries électriques. Dans l’ensemble, c’est un geste pour l’environnement. Il faut voir les conséquences, certainement, ce n’est pas négligeable, mais les bénéfices aussi sont là". Le mardi 4 mai 2021, le Conseil de LPFN a tenu une séance d’information pour ses membres portant spécifiquement sur le projet de la compagnie Sayona Mining [4]. Malgré les contraintes sanitaires, l’événement a suscité un grand intérêt et une bonne participation des membres [4]. D’une durée de deux heures et demie, la grande majorité des interventions ont soulevé plusieurs préoccupations face au projet [4]. Une pétition contre le projet Tansim qui a été lancée en mai 2021 par une membre de la communauté de LPFN avait reçu en date du 8 octobre 2021 plus de 22,000 signatures [5]. Pour le leader de LPFN Steeve Mathias, l'industrie et le gouvernement devraient démontrer que le projet n'aura aucun impact sur leur mode de vie traditionnel et la Première Nation exige une étude indépendante pour évaluer les dommages potentiels [6]. "A quel point l'exploitation pour obtenir les minéraux nécessaires à la production de ces batteries au lithium, à va-t-elle être dommageable pour l'environnement?", a-t-il déclaré. "Sommes-nous prêts à sacrifier cela juste pour le bien des voitures électriques ? Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne chose à faire" [6]. Steeve Mathias a également dénoncé le fait que, dans ses communications, Sayona Mining déclare que des discussions sont en cours avec la communauté pour parvenir à un accord pour le projet. Pour le moment, l'entreprise a a seulement envoyé une offre d'entente à la Première Nation de Long Point en février 2021. Cependant, le conseil de bande exige une consultation avec la communauté avant de conclure une entente. "Ce n’est pas correct qu’ils fassent des annonces, et de dire comme quoi tout allait bien et puis qu’on était sur le bord de faire une entente. C’est vrai qu’ils ont envoyé une [offre] d’entente à la directrice des ressources naturelles au mois de février 2021, mais pour le Conseil, c’est sur la tablette. On n'a jamais pris la peine de s'asseoir même, et d'analyser cette proposition-là": Steeve Mathias [7]. La Première Nation de Long Point insiste également sur le fait qu'elle ne veut pas être sacrifiée et que son mode de vie n'a pas de prix : "Notre mode de vie n'est pas à vendre, indépendamment du montant d'argent qu'on peut nous offrir. C'est sûr que ce n'est pas ce genre de sacrifice là que la communauté est prête à faire" [7]. (See less) |